Chaque jour, quelques milliers d’objets sont laissés à l’abandon dans les rues de nos villes. Certains objets s’arrêtent brutalement après des années de dur labeur, d’autres sont victime de la mode, et de nouvelles versions plus performantes viennent chaque jour les remplacer. Dans l’époque Post-Trump que nous traversons, le monde apparaît confus et l’attention accordée à la crise écologique est lentement balayée sous les tapis des programmes politiques. C’est dans ce décor dystopique que les déchets urbains unissent leurs forces afin de protester contre l’apathie humaine. Cette idée de « manifestation des objets » résonne avec celle de « Parlement des Choses » de Bruno Latour, pour qui les entités non humaines doivent être prises en compte dans les négociations politiques. En ce sens, les objets rejetés se voient, par ce projet, rassemblés dans une grande manifestation publique : ampoules, imprimantes, caméras de surveillance, et réfrigérateurs sont invités à venir interpréter des chorégraphies, pour une manifestation globale des objets.
Ainsi, l’Assemblée des Objets est la mise en scène d’un groupe d’objets activistes en parade dans un espace d’exposition. Cette assemblée est constituée de plusieurs groupes d’objets, qui s’expriment au travers de chorégraphies, d’actions, de bruits, ou encore d’intéractions. Les objets échangent entre eux ou s’affirment seuls. Certains sont « hackés », augmentés pour devenir des entités autonomes, totalement émancipées du monde humain. Les plus abîmés s’entre-aident, se soutiennent, s’épaulent, et les différentes chorégraphies s’unissent dans un vacarme déroutant. Le lowtech est le langage choisi des objets activistes, construisant ainsi une esthétique du déchet et de la frugalité.
Filipe Pais, Julie Brugier et Olivain Porry se sont rencontrés dans le cadre du programme Reflective Interaction à l’Ensadlab (le laboratoire de recherche de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris). Ils travaillent ensemble dans l’axe de recherche Behavioral Objects qui interroge la notion de comportement et se focalise sur la conception et la création d’objets à comportements. Aujourd’hui ils participent au développement du MisB Kit, un kit open-source de robotique modulaire adressé aux artistes et designers, qui permet la création d’objets à comportement.
Expositions :
- Machines sensibles, 17e édition du Festival accès)s(, Médiathèque André Labarrère - octobre 2017
- Lieu Multiple / Espace Mendès France - octobre 2018
Julie Brugier
est née en 1989. Elle vit et travaille à Paris. Designer d’objets, doctorante SACRe (Sciences Arts Création Recherche), rattachée au laboratoire EnsadLab, et agrégée d’Arts Appliqués. Formée en design d’objets, Julie initie au cours de ses études un travail sur les contextes de crise (pauvreté, migration, prostitution) et les formes frugales d’innovation.
Filipe Pais
est né en 1983 au Portugal. Il vit et travaille à Paris. Enseignant-chercheur, artiste et commissaire d’exposition, il est actuellement chercheur associé à EnsadLab ( le laboratoire de recherche en art et en design de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs — Paris, groupe Reflective Interaction) et enseignant en design d’interaction à l’université de Noroff (Kristiansand, Norvége).
Olivain Porry
Étudiant-chercheur au sein de l’ENSADLab, Olivain Porry est diplômé de l’ESBANM en 2016. Sa pratique artistique s’attache à explorer les notions de perception et de représentation dans les machines et les réseaux de télécommunication. Cette approche critique des réseaux et de leurs usages se matérialise chez lui au travers de processus génératifs, de détournements programmatiques et d’installations low-tech. Ses travaux ont été exposés lors de divers événements dédiées aux pratiques numériques (Icart Media Festival #1, à Paris, le poids des choses, Lieu Unique, Nantes).